La silhouette fluette semblait mimer les flammes de l’âtre, dansant et se tordant sur un rythme invisible, son filet de sourire affiché, résolument niais. Tous l’observaient. Des rires et des sourires moqueurs. Il ne passerait pas l’hiver, c’était certain. La mère regardait le fils qu’elle allait sacrifier, le visage impassible et le cœur noué. Elle rêvait d’entendre sa voix, elle qui l’avait fait muet.
L’expédition poursuivrait son voyage vers le sud dès le lendemain. Un faible aurait du se reposer, après tout, il n’était pas encore un « Homme », mais il n’en faisait qu’à sa tête.
Le sud.
La baie.
Les merveilles.
« Superbe… »
« C’est ici que tout commence ou tout fini … pour moi. »
« Pour devenir, je devrais déjà être… »
« Je suis ».
Tiré vers la sortie, il souriait.
Si seulement, ils avaient compris ce sourire, ils auraient su à quel point il les haïssait.
« Gurubashi ». Ce nom lui plaisait, mélodique. Il le répétait sans cesse dans sa tête.
Lune d’Argent.
Le retour.
Un Homme.
Il entra son éternel sourire aux lèvres. L’œil luisant.
Ils le regardèrent bouche bée. Incrédules.
Il posa le paquet au sol et recula.
Un l’ouvrit et approuva.
Il enleva le châle qui enveloppait ses épaules. Les marques tribales apparurent aux yeux de tous.
Il attendait son effet.
Aux bouches bées s’ajoutèrent les yeux écarquillés. Certains tressaillirent.
« Tordant », pensa t-il.
Il éclata d’un rire sonore sous les regards consternés et tourna les talons.